13 dec : le calendrier de l’avent de nos précaires, J9

La suppléance de trop !

J’ai commencé les suppléances en septembre 2011, après un master enseignement et éducation. En septembre 2017, je suis donc arrivée à ma septième rentrée. J’aime travailler auprès des enfants. Je prends plaisir à préparer et mener des séances en école. Et encore plus, lorsque j’ai une stabilité pour plusieurs mois, le tout agrémenté d’une ambiance conviviale entre collègues. Aujourd’hui, pour la première fois, je suis en arrêt de travail depuis les vacances de la Toussaint. J’ai subi un épuisement professionnel, limite « burn-out ». Comment en suis-je arrivée là ?
Je pense que c’est en m’investissant et en travaillant beaucoup, tout en devant m’adapter à une vingtaine d’écoles en six ans (nouveaux collègues, nouvelle organisation, nouveaux niveaux, nou- veaux élèves…). Et je suis tombée sur la suppléance de « trop ».
Je suis arrivée en septembre dans une nouvelle école avec toute mon expérience mais ce nouveau remplacement m’a fait perdre mon équilibre et mon bien-être. Une classe pas évidente à gérer : vingt-sept élèves, double niveau (CP-CE1), une élève très difficile relevant d’Ulis (avec seulement trois heures d’AVS par semaine). À cela s’ajoute un rythme intense : quatre jours et demi de classe, des réunions hebdomadaires, le tout dans une école à l’ambiance lourde et pas très conviviale. Donc, pour tenir ce rythme « de base » en ajoutant la préparation des cours, les corrections, l’ad- ministratif et les imprévues, j’étais environ à cinquante-cinq heures par semaine.
C’est aussi le manque de reconnaissance qui me mine, notamment salariale puisque contrairement à nos collègues titulaires nous sommes rémunérés au Smic. Qu’est-ce qui justifie une différence de cinq cents, mille, mille cinq cents euros par mois entre collègues qui font le même métier ?
En tant que suppléante, je vis avec cette « épée de Damoclès » sur ma tête, celle du concours ex- terne (n’ayant pas droit au concours interne). Tous les ans, j’ai passé les écrits, je suis allée trois fois aux oraux. C’est usant et il faut pouvoir se reconstruire après ces échecs, se faire à l’idée qu’on ne veut pas de nous en tant que titulaire mais qu’on fait « l’affaire » en tant que suppléant puisque les avis des chefs d’établissement sont très favorables.
En conclusion, c’est « reste suppléant et tais-toi ! ».