18 déc : calendrier de l’avent de nos précaires, J13

J’ai trente-cinq ans, je me sens fatigué,
je travaille de moins en moins bien, je perds confiance en moi et en l’institution !

Je suis maître auxiliaire depuis quatre ans en EPS. On m’explique que je dois m’estimer heureux d’avoir un temps complet. J’ai dix-huit heures d’enseignement ainsi que trois heures pour l’association sportive par semaine !

Je démarre ma troisième année en tant que coordonnateur EPS collège alors que nous sommes huit en EPS. Personne ne veut prendre cette responsabilité.
J’ai accepté d’être professeur principal dans une classe à BEP (EIP essentiellement) sans être formé mais la directrice trouve que je pouvais « faire l’affaire » et beaucoup de collègues titulaires (toutes disciplines confondues) refusent de toute façon car c’est « trop de travail ».
J’ai fait remarquer que nous perdons des heures chaque année en EPS et que ces heures nous permettraient de mieux organiser l’enseignement de notre discipline.
Le temps des préparations n’est pas facile. Comment s’organiser quand deux enfants sont en maternelle et qu’on a des réunions à assurer, des concertations, des rendez-vous, des évaluations à corriger, sans compter la formation pour espérer un jour réussir ce fichu concours ?
Mon salaire passe dans les frais de garde de mes enfants entre « nounou » et garderie, ce qui est un comble pour un enseignant. Je ne peux profiter des vacances scolaires car je n’ai pas assez d’argent, ce qui m’oblige à effectuer des remplacements dans un CFA quand cela est possible. Mais les gains sont minimes car il faut toujours faire garder ses enfants.
Mon ordinateur ne fonctionne plus, je n’ai pas les moyens de m’en racheter un. Je dois donc passer du temps dans l’établissement pour consulter mes mails et y répondre, préparer mes cours…
J’ai trente-cinq ans, je me sens fatigué, je travaille de moins en moins bien, je perds confiance en moi et en l’institution. Je suis maître délégué, je suis précaire.